Notre Dame de Grâces

Avec le Jubilé, prendre la mesure du pardon

Début janvier, j’étais à Rome. Sans l’avoir préparé, j’ai cédé bien volontiers aux dévotions de l’année jubilaire en passant les portes saintes de Saint Jean de Latran et de Saint Pierre. Ce fut l’occasion d’entrer dans l’esprit de l’année jubilaire : en effet, passer une porte sainte signifie entrer dans l’événement du pardon de la part de Dieu par Jésus-Christ.

Le pardon n’est ni oubli (on efface tout), ni indifférence (tout se vaut), ni naïveté (ce n’est pas si grave), ni même générosité (on n’en tient pas rigueur). En fait, comme le dit le théologien lyonnais Christian Duquoc (1926-2008), le pardon est un « acte fort », un « acte créateur » de liberté. Ainsi, Jésus, victime de la violence et de l’injustice, a manifesté, par sa demande de pardon, l’impuissance de la haine et de la logique de mort. Le pardon est le signe qu’une transformation peut se produire, qu’une autre relation est possible, qu’un avenir peut être envisagé. Un Dieu miséricordieux qui pardonne libère d’une « image oppressive de l’absolu », celle d’un Dieu implacablement juste, c’est-à-dire condamnant nécessairement le pécheur que je suis.

Nous sommes tous invités à de tels actes de pardon, à ne pas nous laisser piéger par la haine, ni fasciner par la violence, ni dominer par ce qu’on a subi, pour, tout simplement, exister et ainsi entrer dans l’espérance qui ne déçoit pas (cf. Rm 5,5).

Brigitte Cholvy

(Les citations sont extraites de Christian Duquoc, Jésus, homme libre, Paris, Cerf, 1973, p. 106 et 108)